Protéger son cerveau en protégeant ses os
Résumé :
En prenant soin de nos os, nous prenons soin de notre cerveau : les comportements anti-inflammatoires, l’alimentation méditerranéenne, l’exercice physique qui sont adaptés à la prévention de l’ostéoporose contribuent également à la santé à long terme de notre cerveau et contribuent à nous protéger contre la maladie d’Alzheimer et autres démences.
Des maladies plus courantes quand on vieillit
La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées sont des risques effroyables pour certains d’entre nous. Dans certaines familles, elles peuvent se déclarer avant 40 ans, mais c’est heureusement très rare. En général, elle se manifeste après 65 ans et entraîne un déclin intellectuel progressif et irréversible.
Comme pour de nombreuses maladies « modernes », comme pour l’ostéoporose, il s’agit d’une maladie de dégénérescence. Ce sont des maladies où l’interaction entre les comportements et le patrimoine génétique peuvent entraîner des catastrophes ou, au contraire, une très grande protection.
Des familles à risques
Ainsi, il est des familles où la maladie d’Alzheimer ou l’ostéoporose peuvent frapper des personnes très jeunes, de moins de 40 ans. Sans que l’on sache toujours comment y remédier parfaitement, malheureusement (vous trouverez toujours des personnes qui prétendent avoir guéri de l’une ou l’autre de ces maladies grâce à un régime étrange, mais vous ne pourrez jamais obtenir la preuve de ces affirmations, ni arriver à reproduire le résultat). Ce sont des formes familiales, heureusement très rares : 8.000 personnes de moins de 60 ans recensées en France en 2007 par l’Assurance-Maladie pour Alzheimer (pour 800.000 malades environ). Ces personnes ont un ADN qui comporte un ou plusieurs défauts dans le codage des protéines nécessaires à un bon fonctionnement du cerveau ou des os. Ainsi par exemple, il peut exister des troubles du métabolisme de la vitamine D entraînant des fragilités osseuses importantes (ostéomalacie) par défaut de minéralisation de la trame osseuse.
Des familles ultra-protégées
Inversement, il existe des familles qui semblent exemptes de ces maladies malgré des comportements défavorables, malgré une accumulation de ce qui serait pour les autres des erreurs délétères… Comment font-elles ? Elles ont hérité d’un patrimoine génétique favorable qui utilise toutes les ressources possibles pour consolider leur cerveau ou consolider leurs os. Là encore, les personnes protégées contre Alzheimer, ou les personnes protégées contre l’ostéoporose sont une toute petite minorité. Et il ne faut pas trop compter en faire partie par hasard…
Et l’immense majorité d’entre nous…
Et entre ces deux grandes populations, il y a nous tous, la population générale. Si nous n’avons pas de gênes défavorables, nous n’avons pas non plus de gênes particulièrement protecteurs… Aussi, la bonne santé de notre cerveau et celle de nos os va dépendre en premier lieu des comportements favorables que nous allons adopter.
Et la bonne nouvelle, c’est que les comportements favorables à la santé osseuse sont également protecteurs de notre cerveau.
En effet, les comportements favorables à la santé osseuse sont :
-
les comportements diminuant l’inflammation chronique,
-
et, très important, l’exercice physique.
Calcium et vitamine D pour la minéralisation et pour l’influx
On sait tous l’importance du calcium dans la transmission des influx nerveux, puisqu’il participe à la polarisation-dépolarisation des membranes entre les neurones et les nerfs. Toutefois, le cerveau (et le système nerveux) en manque(nt) rarement : si notre corps en manque, il va le chercher dans les os (et les déminéralise progressivement) pour le fournir aux fonctions prioritaires.
L’apport de vitamine D est indissociable d’un bon apport et d’une bonne intégration du calcium dans le corps. Il est inutile d’en dire plus ici, car nous avons déjà largement abordé la question par ailleurs.
Des acides aminés pour de bonne protéines et de bonnes enzymes
Les protéines de bonne qualité ont une une influence sur le bon fonctionnement du cerveau, et l’Association France-Alzheimer indique : « On a par exemple constaté une diminution des risques du déclin des fonctions supérieures (dites cognitives) touchant à la connaissance comme la mémoire chez des personnes qui consomment du poisson deux ou trois fois par semaine ».
Ainsi donc, les apports de protéines servent à la constitution de la trame biologique du squelette et aux protéines circulant autour et dans les cellules nerveuses.
Un joli besoin de magnésium
On sait que le magnésium est impliqué dans plus de 600 réactions bio-chimiques de notre corps. Il faut particulièrement noter qu’il intervient également dans la transmission de l’influx nerveux (on sait particulièrement le rôle important qu’il a dans la régulation de l’humeur) et dans la diminution de l’inflammation chronique du corps, qui est un des facteurs importants d’altération du fonctionnement du cerveau et des os.
Lutter contre l’inflammation chronique
Ce qui nous renvoie immédiatement à tous les comportements anti-inflammatoires dont il a été montré le rôle dans le bon fonctionnement du métabolisme osseux et des fonctions mentales. Il s’agit alors de pratiquer tout ce qui nous permet de diminuer l’inflammation et que nous avons déjà vu : hygiène mentale et relationnelle, exercice physique, alimentation méditerranéenne, maîtrise de son poids corporel, diminution drastique de la consommation d’alcool (qui perturbe le fonctionnement du cerveau et augmente l’inflammation du foie), protection contre le tabac y compris la fumée des autres (tabagisme passif)…
Je me permettrai d’insister sur l’importance de l’alimentation méditerranéenne qui apporte de nombreux végétaux anti-oxydants (protecteurs contre l’inflammation chronique), des viandes blanches et du poisson (qui limitent donc les molécules problématiques de beaucoup de viandes rouges, et en particulier les graisses saturées), des laitages fermentés (les laitages non-fermentés favorisent l’inflammation, les laitages fermentés la diminuent), des céréales complètes qui apportent des fibres régulatrices de la digestion…
Mieux digérer pour mieux métaboliser
Nous avons vu dans d’autres articles qu’une bonne digestion est un facteur important de notre santé osseuse puisqu’elle permet une meilleure assimilation des nutriments nécessaires à nos os, qu’elle diminue également l’inflammation (quand nos selles sont trop liquides, par exemple). De la même façon, une bonne digestion permet d’apporter les nutriments nécessaires à notre cerveau, qui bénéficiera encore une fois de la diminution de l’inflammation chronique.
Des endorphines des pieds à la tête
Enfin, rappelons l’importance de l’exercice physique pour stimuler les os, envoyer des signaux indiquant au squelette de se renforcer, diminuer l’inflammation, améliorer la santé cardiovasculaire qui elle-même est un facteur notable de santé osseuse. De la même façon, on connaît l’importance de la santé cardiovasculaire sur la santé du cerveau, sur la prévention des démences, sur la baisse du mauvais cholestérol qui diminue les risques d’obturation des artères et des artérioles aussi bien dans les os que dans le cerveau, et dans tout le corps (à commencer par le coeur)…
Conclusion
Si l’on fait le tour de tout ce qui permet de prévenir et d’éviter l’ostéoporose, et de tout ce qui permet de conserver un cerveau durablement en bon état, on s’aperçoit que les comportements protecteurs communs (ceux qui protègent le cerveau et le squelette) sont significatifs :
-
tout ce qui diminue l’inflammation chronique (hygiène mentale, relationnelle, alimentation, digestion, exercice physique…),
-
l’exercice physique adapté (sachant qu’il faut de l’impact pour stimuler le renforcement osseux)…
Bref, pour prendre soin de nous, les possibilités sont multiples et elles consistent à faire des activités plaisantes :
-
bonnes relations avec nous-mêmes et avec les tiers,
-
multiples activités sportives individuelles ou collectives…
En prenant soin de nos os, nous prendrons soin de notre cerveau…
Sources :
Thomas Vogel, Athanase Benetos, René Verreault, Georges Kaltenbach, Michèle Kiesmann, Marc Berthel, Facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer: vers une prévention?, La Presse Médicale, Volume 35, Issue 9, Part 2, September 2006, Pages 1309-1316
Christopher Patterson, John W. Feightner, Angeles Garcia, G.-Y. Robin Hsiung, Christopher MacKnight, A. Dessa Sadovnick, Diagnosis and treatment of dementia: 1. Risk assessment and primary prevention of Alzheimer disease, CMAJ, 26 fév 2008; 178(5): 548–556.
Mieux connaître la maladie d’Alzheimer, France Alzheimer, Paris, 2018
Evolutionary medicine and bone loss in chronic inflammatory diseases—A theory of inflammation-related osteopenia, Rainer H. Straub, Maurizio Cutolo, Roberto Pacifici, Seminars in Arthritis and Rheumatism, October 2015 Volume 45, Issue 2, Pages 220–228
Oui, je veux recevoir mon livret :
"Comment reminéraliser mes os en 8 étapes".
Et je serai tenu(e) au courant des nouveaux articles.
Mon adresse restera confidentielle (cf. politique de confidentialité).
Nouvelle Édition (2022)