Comment maîtriser les risques liés à des excès de vitamine D

Comment maîtriser les risques liés à des excès de vitamine D

Introduction : trop de vitamine D ?

Peut-on prendre trop de vitamine D, avoir un excès de vitamine ?

Les experts se disputent depuis des années au sujet de la quantité journalière adéquate de vitamine D.
Pourtant, ils sont tous d’accord sur son importance.
Mais certains pensent que des doses plus importantes que les doses actuellement recommandées sont favorables à la santé.
D’autres, au contraire, estiment que les doses actuelles sont suffisantes.
Pour en avoir le cœur net, les spécialistes en santé publique ont donc lancé plusieurs études de cohorte.
De nouveaux résultats sont enfin arrivés.

Les voici !

Déficit & Excès de vitamine DSOMMAIRE :

Introduction : trop de vitamine D ?

Les recommandations actuelles

En France

Aux Etats-Unis

Des effets insuffisamment connus

Une clarification nécessaire

L’étude VITAL

Un spectre élargi

Les atouts de cette étude

Les résultats de l’étude VITAL

Fractures et vitamine D

Résultats généraux

Conclusion : trop de vitamine D ?

Sources

Les recommandations actuelles

Nous savons déjà que la quasi-totalité d’entre nous, Européens et Américains du Nord, manquons de vitamine D.
D’abord, nous en manquons en hiver et en automne car le soleil est trop faible pour que notre peau puisse en fabriquer.
Ensuite, nous en manquons très souvent en été et au printemps.
Car nous ne sommes pas suffisamment exposés au soleil aux heures intenses.

Aussi, les autorités de santé se dirigent progressivement et lentement vers une supplémentation générale de la population.
D’ailleurs, la démarche est déjà largement engagée au Royaume-Uni.

En France

Pour ce qui concerne la France, les recommandations actuelles sont les suivantes.

En France, les doses journalières recommandées (AS 2021) sont relativement faibles : 15 microgrammes (ou 600 UI unités internationales) pour les adultes.
La limite supérieure à ne pas dépasser a été réévaluée à 100 microgrammes/jour (4.000 UI/jour).

Catégorie Nourrissons
(<1 an)
Enfants
(1 à 10 ans)
Adolescents & Adultes
(> 10 ans)
Femmes enceintes ou allaitantes
Dose journalière 10 microgramme/j
(400 UI/j)
15 microgramme/j
(600 UI/j)
15 microgramme/j
(600 UI/j)
15 microgramme/j
(600 UI/j)
Limite Supérieure de Sécurité 25 microgramme/j
(1.000 UI/jour).
50 microgramme/j
(2.000 UI/jour).
100 microgramme/j
(4.000 UI/jour).
100 microgramme/j
(4.000 UI/jour).

Apports Satisfaisants (2021) en France pour la vitamine D

Aux Etats-Unis

Par contre, aux États-Unis, les doses journalières recommandées sont de :

  • 15 microgrammes/jour (600 UI/j) pour les personnes de 1 à 70 ans (y compris les femmes enceintes et les femmes allaitantes) et de
  • 20 microgrammes/jour (800 UI/j) après 70 ans (Institut of Medecine 2011).

Les doses maximales dépendent de l’âge et atteignent 100 microgrammes par jour (4.000 UI/jour) pour les adultes.

Au passage, vous noterez que l’on ne connaît pas d’intoxication liée à la vitamine D fabriquée par la peau sous l’influence des rayons UVB du soleil.
Mais, cela ne signifie pas pour autant qu’il est favorable de s’exposer en permanence au grand soleil de l’été : d’autres risques sont à craindre pour la pérennité de la peau

Des effets insuffisamment connus

Pour autant, les effets de doses importantes de vitamine D restent controversés.
Car il semble que des doses importantes de vitamine D pourraient avoir certains effets favorables (réduction des risques de certains cancers, prévention cardiovasculaire, activation du système immunitaire inné…)…
Toutefois, de nombreux experts considèrent les preuves comme insuffisamment fondées.

Pourtant, des études d’observation ont permis de remarquer que les taux de cancers et maladies cardiovasculaires semblaient inversement liées à l’ensoleillement.
Des études de laboratoire ont d’ailleurs permis de confirmer la possibilité de mécanismes biologiques expliquant l’impact favorable de la vitamine D sur les cancers, les maladies cardiovasculaires et d’autres maladies chroniques.

D’un autre côté, nous savons également qu’il est possible de s’intoxiquer avec des doses très élevées de vitamine D (hypercalcémie, notamment).
En outre, les médecins suspectent d’autres risques sanitaires pour des doses moins importantes (cancer du pancréas, affaiblissement du système immunitaire adaptatif…).
Ainsi, il semble que des problèmes de santé commencent à se produire chez les personnes ayant plus de 50 à 60 ng/ml de vitamine D 25(OH)D dans le sang.

Bref, les doses les plus adaptées pour un bénéfice avéré sur notre espérance de vie ne sont pas encore connues avec certitude.
C’est d’ailleurs ce qui ressort de la diversité des recommandations journalières que nous avons vues plus haut dans le présent article.

Certains chercheurs pensent que des études supplémentaires sont inutiles car l’essentiel de la connaissance est déjà disponible.
Les autorités sanitaires ont pourtant estimé qu’il était urgent de procéder à des études supplémentaires.
Celles-ci ont ainsi permis d’avoir des éclairages complémentaires sur la question de la vitamine D.

Une clarification nécessaire

L’étude VITAL

Pour avoir, sinon le cœur net, du moins des éléments plus solides, l’école de santé publique de l’université de Harvard, aux États-Unis a décidé de lancer l’étude VITAL.
Il ‘agissait donc d’une étude sur une cohorte de 25.000 personnes (hommes de plus de 50 ans, femmes de plus de 55 ans) démarrée en 2011 pour une durée de 5 ans.
Elle devait ainsi permettre de vérifier si une supplémentation de vitamine D (2000 UI/jour, soit environ 50 microgrammes/jour) ou une supplémentation d’acides gras oméga 3 (1 g/jour) permettait de réduire les risques de cancer, de maladies cardiaques, d’attaques cérébrales…

Quatre groupes de patients, sélectionnés au hasard, ont reçu soit :

  • un supplément de vitamine D et d’oméga 3 (groupe 1) ou,
  • un supplément de vitamine D et un placébo d’oméga 3 (groupe 2),
  • ou un placébo de vitamine D et un supplément d’oméga 3 (groupe 3),
  • soit un placébo de vitamine D et un placébo d’oméga 3 (groupe 4).

Bref, il s’agissait donc d’une fort belle étude aléatoire en double aveugle, permettant d’avoir un très bon niveau de preuve quant aux résultats obtenus.

D’autres comportements (mode de vie, traitements médicaux, supplémentation, histoire familial de santé…) pouvaient en outre avoir des conséquences sur les maladies étudiées.
Aussi, des questionnaires furent régulièrement envoyés aux participants et des précisions pouvaient leur être demandées par téléphone, si nécessaire.
De plus, des analyses de sang ont été effectuées sur les participants volontaires.
On voit ainsi que l’étude avait été parfaitement conçue pour déterminer l’impact de chaque type de supplément et leur effet conjugué.

Un spectre élargi

Et pour couronner le tout, l’étude s’intéressait également à d’autres composantes de la santé humaine :

  • intolérance de glucose et diabète,
  • hypertension,
  • déclin cognitif,
  • dépression,
  • ostéoporose et fracture,
  • déficience physique et chutes,
  • asthme et autres maladies respiratoires,
  • infections,
  • polyarthrite rhumatoïde,
  • lupus érythémateux disséminé,
  • maladies de la thyroïde et
  • autres maladies auto-immunes.

Il est intéressant de noter que des études comparables étaient également en cours en:

  • Australie (5 ans, 20.000 personnes de 60 à 84 ans),
  • Finlande (5 ans 18.000 personnes de plus de 60 ans),
  • Grande-Bretagne (5 ans, 20.000 personnes de 60 à 84 ans).

Menées dans différentes régions du monde, ces études permettront donc de baser les conclusions générales sur une population totale d’environ 100.000 personnes avec des modes de vie très variés.

Les atouts de cette étude

L’étude VITAL de Harvard (à ne pas confondre avec l’étude du même nom menée dans l’état de Washington) a permis d’apporter des informations de meilleure qualité que ce qui est disponible jusque là.
En effet, la plupart des informations disponibles sur l’impact réel de la vitamine D et des oméga 3 venait de ce que l’on appelle des études observationnelles.
Dans ces études, on compare alors la santé de personnes qui ont choisi de prendre des suppléments à la santé de personnes qui ont choisi de n’en pas prendre.
Il arrive fréquemment que le mode de vie des personnes qui se supplémentent soit différent de celles qui ne le font sans qu’il soit aisé de le mesurer (activité physique, alimentation…).

Alors, une étude aléatoire en double aveugle permet de s’affranchir de ces différences.
En effet, on tire au sort les personnes à supplémenter et celles qui ne le sont pas.
On les répartit entre tous les groupes étudiés, dès que ces groupes sont suffisamment nombreux.

Les résultats de l’étude VITAL

Depuis quelques années, les résultats de l’étude VITAL ont été publiées dans la presse médicale scientifique dans plusieurs articles traitant chacun d’un ensemble de résultats sanitaires.

Il existe néanmoins un article de synthèse très récent (juillet 2023) qui fait le point sur les résultats généraux de l’étude VITAL et d’autres études comparables.

Fractures et vitamine D

L’étude conclut alors : « La supplémentation en vitamine D3 n’a pas entraîné un risque significativement plus faible de fractures que le placebo chez les adultes d’âge moyen et plus âgés généralement en bonne santé qui n’avaient pas été sélectionnés pour une carence en vitamine D, une faible masse osseuse ou de l’ostéoporose. »

Résultats généraux

Le auteurs indiquent par ailleurs que la supplémentation en vitamine D ne diminue pas la perte osseuse, les fractures, les chutes, l’INCIDENCE du cancer, l’hypertension ou le risque cardiovasculaire dans des populations initialement en bonne santé, et qui ne souffrent pas de carences en vitamine D.

Par contre , de grandes études aléatoires ainsi que des méta-analyses semblent montrer un effet positif de la supplémentation en vitamine D sur la MORTALITE par cancer.

Rappelons, au passage, que l’incidence est différente de la mortalité.
L’incidence concerne le taux de personnes touchées par une maladie dans une population, alors que la mortalité exprime le taux de décès dans cette population.
On peut être malade et guérir.
Par contre, on peut rarement mourir et guérir.

L’intérêt des suppléments de vitamine D est mieux prouvée pour :

  • le système immunitaire, en particulier chez les personnes présentant un déficit en vitamine D,
  • les maladies auto-immunes et
  • la sclérose en plaques.

En outre, de plus en plus de preuves indiquent que la vitamine D peut réduire la mortalité toutes causes confondues.

Les résultats précédents concernent en premier lieu les populations bien dotées en vitamine D.

Finalement, les auteurs en appellent à de nouvelles recommandations.
Selon eux, il est inutile d’augmenter la supplémentation chez les personnes ayant déjà des apports suffisants en vitamine D.
Il vaudrait bien mieux promouvoir de bonnes approches nutritionnelles et l’élimination des carences existantes en vitamine D à l’échelle mondiale.

Conclusion : trop de vitamine D ?

Des débats intenses existent depuis des années entre les spécialistes sur le niveau adéquat de supplémentation en vitamine D.
Aussi, Mme Manson et Bassuck (de l’école de santé publique de Harvard), ont écrit un petit article de recommandations aux médecins en 2015.
Dans cet article, elles indiquent que « Compte tenu des incertitudes sur la question, le principe habituel de la médecine est de se tenir sagement du côté de la prudence et d’éviter tout excès ».
En conséquence, elles suggèrent aux médecins de s’en tenir aux recommandations officielles existantes.

Ces recommandations de bon sens médical restent d’ailleurs parfaitement valables.
Les études récentes ont montré, en effet, que :

  • si les doses recommandées actuellement sont efficaces pour la prévention de la plupart des affections étudiées,
  • des doses dans la fourchette haute des recommandations habituelles ont un impact positif sur le risque de survivre à des cancers.

Alors,  n’oubliez pas de prendre des doses recommandées de vitamine D, (sans bien sûr dépasser les limites maximales)

  • surtout en hiver et en automne,
  • ou si vous êtes âgé(e)s,
  • ou si vous sortez rarement aux heures où le soleil est au plus haut en été et au printemps.

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Portez-vous bien !

Sources :

Manson JE1, Bassuk SS, Lee IM, Cook NR, Albert MA, Gordon D. Zaharris E, Macfadyen JG, Danielson E, Lin J, Zhang SM, Buring JE. The VITamin D and OmegA-3 TriaL (VITAL): rationale and design of a large randomized controlled trial of vitamin D and marine omega-3 fatty acid supplements for the primary prevention of cancer and cardiovascular disease.  Contemp Clin Trials. 2012 Jan;33(1):159-71.

Hewison M, « Vitamin D and innate and adaptive immunity », Vitam. Horm., vol. 86,‎ 2011, p. 23–62

Helzlsouer KJ, « Overview of the Cohort Consortium Vitamin D Pooling Project of Rarer Cancers », American Journal of Epidemiology, vol. 172, no 1,‎ juin 2010, p. 4–9

Lappe, JM, Travers-Gustafson, D, Davies, M, Recker, R et Heaney, R. « Vitamin D and calcium supplementation reduces cancer risk: results of a randomized trial », Am J Clin Nutr, vol. 85, no 6,‎ juin 2007, p. 1586–91

JoAnn E. Manson, Shari S. Bassuk, Vitamin D Research and Clinical PracticeAt a Crossroads, JAMA. 2015;313(13):1311-1312

Besoins nutritionnels et apports conseillés pour la satisfaction de ces besoins. G Potier de Courcy, ML Frelut, J Fricker, A Martin, H Dupin, Encyclopédie médico-chirurgicale, Elsevier, 2003

Agence Européenne de Sécurité Alimentaire, Tolerable upper intake levels for vitamines and minerals, février 2006.

M.S. LeBoff, S.H. Chou, K.A. Ratliff, N.R. Cook, B. Khurana, E. Kim, et al., Supplemental vitamin D and incident fractures in midlife and older adults, N Engl J Med, 387 (2022), pp. 299-309

Vitamine D : pourquoi et comment assurer un apport suffisant ?, ANSES, Maisons-Alfort, 02/03/2022

Bouillon, R., LeBoff, M.S. and Neale, R.E. (2023), Health Effects of Vitamin D Supplementation: Lessons Learned From Randomized Controlled Trials and Mendelian Randomization Studies. J Bone Miner Res.

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Cet article a 2 commentaires

  1. vi

    Alors ? Quelles sont les conclusions ?

    1. HomNes

      Bonjour Vi,
      Comme vous pouvez le lire dans l’article, il s’agit de mettre en place une supplémentation tout en respectant les doses recommandées.
      Les doses recommandées ne seront dépassées que sous contrôle médical en cas d’analyses démontrant la nécessité de le faire.
      Prenez soin de vous, et excellente santé osseuse !

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