Comment éviter l’ostéonécrose en cas d’ostéoporose ?

Comment éviter l’ostéonécrose en cas d’ostéoporose ?

Résumé

L’ostéonécrose de la mâchoire fait peur en cas d’ostéoporose ou d’ostéopénie. Rassurez-vous ! Elle est rarissime (moins d’un cas pour 10.000 personnes), alors que les fractures touchent une femme sur 2, après 50 ans. Nous allons voir, pourtant, qu’elle est le résultat d’un certain nombre de causes que l’on peut traiter et prévenir. L’ostéonécrose peut être évitée (prévention), repérée rapidement (pour traiter les causes) et soignée (pour remettre l’os en état). Voici pourquoi et voici comment il convient de faire.

Osténoécrose & ostéoporose : l'éviter, la dépister, la soigner - homNes

L’ostéonécrose : une question angoissante en cas d’ostéoporose

Vous avez déjà entendu parler de l’ostéonécrose. Et cela vous inquiète…

C’est une maladie un peu mystérieuse dont on parle beaucoup sur internet.

Pourtant, vous connaissez peu de gens qui sont concernés et vous voudriez en savoir plus.

Certes, votre médecin vous a donné des indications, souvent trop rapides à votre goût… Et vous aimeriez approfondir la question, savoir comment éviter ce type de problèmes, comprendre de quoi il retourne…

Vous êtes au bon endroit !

En effet, nous allons voir dans la suite les points suivants :

  • la nature médicale de l’ostéonécrose,

  • les causes directes de l’ostéonécrose,

  • les causes indirectes de l’ostéonécrose,

  • comment soigner une ostéonécrose,

  • et surtout, comment éviter une ostéonécrose.

Ostéonécrose : qui est concerné ?

Les personnes les plus touchées sont les hommes entre 30 et 60 ans. Eh non ! Ce ne sont pas les femmes !

C’est d’ailleurs pour cela que mon médecin m’avait rapidement fait faire une radio quand je m’étais plaint de douleurs à la hanche. Rassurez-vous : ce n’était pas cela.

Ce qu’il faut savoir, c’est que l’ostéonécrose peut arriver dans de très nombreuses circonstances.

C’est en effet une maladie aussi « naturelle » (si j’ose dire) qu’un infarctus ou qu’un accident vasculaire cérébral (AVC).

Nous allons voir dans la suite pourquoi l’ostéonécrose est d’ailleurs cousine de ce type de maladies peu réjouissantes…

Malgré cela, on entend souvent dire que l’ostéonécrose est la conséquence de la prise de certains médicaments. En particulier, de médicaments contre l’ostéoporose. Plus particulièrement quand il s’agit d’ostéonécrose de la mâchoire.

De ce fait, par crainte d’une ostéonécrose, beaucoup de personnes évitent des médicaments qui leur éviteraient plus sûrement de graves fractures…

Pourtant, l’ostéonécrose atteint essentiellement des personnes qui ne prennent pas de médicaments contre l’ostéoporose.

Et beaucoup d’ostéonécroses concernent d’autres os que ceux de la mâchoire, ce qui n’est pas forcément fait pour nous rassurer.

En fait, l’ostéonécrose peut concerner n’importe lequel des os de notre squelette. Ainsi, elle concerne le plus souvent

  • l’os de la cuisse (fémur),

  • l’os du bras (humérus),

  • le genou,

  • l’épaule,

  • la cheville…

Autant dire que l’ostéonécrose de la mâchoire est extrêmement rare… même si on entend beaucoup parler.

Un infarctus osseux

En fait, une ostéonécrose est une destruction partielle d’une portion d’os suite à un défaut d’oxygénation.

Le sang n’apporte plus d’oxygène à une région osseuse, et cette région meurt.

C’est en quelque sorte un infarctus osseux : pour une raison ou pour une autre, les vaisseaux sanguins qui apportent l’oxygène à l’os se bouchent. De ce fait, la zone que le sang n’irrigue plus dépérit en quelques jours…

L’origine des ostéonécroses est souvent difficile à comprendre, voire inconnue. La médecine ne sait pas (encore) tout, hélas…

Elle sait néanmoins que les risques augmentent si, dans la famille, il y a déjà eu d’autres cas d’ostéonécrose…

Dans ces cas, il convient d’être encore plus vigilant afin d’éviter une telle évolution (faire des examens et adopter des comportements protecteurs), et si nécessaire d’y remédier au plus vite.

Nous le verrons plus loin.

De multiples causes

Mais souvent, l’ostéonécrose est liée à des causes sous-jacentes, comme par exemple :

  • une fracture (parfois très petite et presque indétectable) qui va arracher un vaisseau sanguin important,

  • un caillot sanguin qui va boucher une petite artère osseuse de l’intérieur,

  • un cancer osseux qui va coincer un vaisseau sanguin de l’extérieur…

Les spécialistes indiquent que l’ostéonécrose peut être la conséquence d’innombrables maladies (cancer, lupus, sida, maladie de Gaucher, goutte, accident de plongée sous- marine, arthrose, maladie sanguine, maladie des vaisseaux sanguins…) y compris l’ostéoporose…

L’ostéonécrose est beaucoup plus fréquente chez les personnes atteintes de cancer. Les cancers peuvent, en effet, souvent s’attaquer aux os, perturber leur fonctionnement normal, bloquer des vaisseaux sanguins et entraîner des nécroses des tissus osseux.

Certains traitements médicaux, en entraînant des problèmes d’apports sanguins, peuvent causer également des ostéonécroses (chimiothérapie, radiothérapie, doses élevées de stéroïdes, transplantations d’organes…).

Et c’est vrai, plusieurs traitements pharmaceutiques contre l’ostéoporose ont la réputation d’entraîner des risques d’ostéonécrose de la mâchoire…

Ostéonécrose de la mâchoire et ostéoporose

Ainsi, certains bisphosphonates, le dénosumab ont dans la liste de leurs « effets indésirables » les risques d’ostéonécrose de la mâchoire.

Ce n’est pas rassurant… Je suis d’accord avec vous (en première analyse).

Pour toutes les personnes qui font profession de dénigrer l’industrie pharmaceutique, le lien est évident : l’ostéonécrose de la mâchoire provient forcément des médicaments.

Pourtant, ce n’est pas si simple. En effet, l’ostéonécrose est une maladie liée à l’ostéoporose. Comme on l’a vu plus haut, on trouve des personnes atteintes d’ostéoporose et ayant aussi de l’ostéonécrose, même sans traitement par un médicament.
D’ailleurs le taux d’ostéonécrose de la mâchoire chez les personnes qui ne prennent pas de traitement contre l’ostéoporose a été estimé à la moitié du taux chez les personnes traitées par bisphosphonates ou dénosumab (2022).

Nous avons déjà vu que l’ostéonécrose peut aussi être la conséquence d’infections. Or la bouche est le lieu de nombreuses infections : dents (caries), gencives (parodontites…) notamment. Et on ne les repère pas toujours facilement, ni assez tôt.

En outre, les soins des dents entraînent eux aussi de petites infections. Ces infections peuvent devenir plus graves quand les interventions sont plus profondes (traitement des racines, arrachage de dents, dévitalisation…).

On a d’ailleurs constaté de nombreux cas d’ostéonécrose de la mâchoire chez des personnes ne prenant pas de médicaments contre l’ostéoporose.

L’ostéonécrose : conséquence grave de l’ostéoporose

L’ostéonécrose de la mâchoire pourrait alors être tout simplement une conséquence grave de l’ostéoporose. Un affaiblissement osseux de la mâchoire, éventuellement conjugué à une autre cause (soins dentaires, infection, caillot, fissure…) entraînerait tout simplement une destruction complète de l’os.

Bref, l’ostéonécrose serait alors simplement présente indépendamment des médicaments chez des personnes atteintes d’ostéoporose. On la découvrirait donc à l’occasion de soins dentaires : il y aurait confusion entre les conséquences de la maladie qui seraient attribuées aux traitements pharmaceutiques…

Toutefois, la réparation « naturelle » d’un début d’ostéonécrose se fait moins bien en cas de traitement antirésorbeur (bisphosphonate ou denosumab), puisque le taux de personnes touchées semble doubler en cas de traitement comparé à un absence de traitement.

Dernier élément à prendre en compte : le risque d’ostéonécrose, en cas de traitement par des médicaments contre l’ostéoporose serait inférieur à 1 ostéonécrose pour 10.000 personnes traitées. Cela est à comparer au risque de fractures pour les femmes de plus de 50 ans (1 sur 2 sera affectée par une fracture, alors que les médicaments contre l’ostéoporose permettent de diviser le risque par 2 à 4).

Même si tout cela semble peu réjouissant, il est pourtant tout à fait pertinent de garder la tête froide et de reprendre espoir.

Car, même en cas d’ostéoporose, l’ostéonécrose de la mâchoire peut être évitée, peut être repérée très tôt, peut être soignée…

Prévenir et éviter l’ostéonécrose, même en cas d’ostéoporose

L’ostéonécrose peut être évitée

Dans la plupart des cas, les ostéonécroses ont des causes qu’il est possible de modifier à l’avance.

Une excellente santé cardiovasculaire (et notamment un très bon taux de cholestérol) est un élément de base de protection. Elle permettra d’apporter à long terme l’oxygène et les nutriments dont tout notre corps a besoin. Et dont nos os ont besoin.

Cela se fait notamment par l’alimentation (le régime méditerranéen est excellent à cet égard) et par l’activité physique.

Bénéfice supplémentaire : ce sont des éléments protecteurs de la santé osseuse et de la santé générale.

Il convient en outre d’avoir une excellente hygiène buccale :

Enfin, tous les comportements protecteurs en matière d’ostéoporose permettront de diminuer les risques d’ostéonécrose. Aussi bien pour ce qui concerne la mâchoire que les autres os du squelette, dont nous avions déjà vu qu’ils peuvent être atteints plus souvent que la mâchoire.

Le cas des soins dentaires importants

Si vous avez besoin de soins dentaires importants et que vous et votre médecin envisagez un traitement contre l’ostéoporose, il conviendra d’effectuer les soins dentaires avant de démarrer votre traitement protecteur. Bref, rendez visite à votre dentiste avant de démarrer tout traitement pharmaceutique.

Si vous avez besoin de soins dentaires importants, et si vous êtes sous traitement contre l’ostéoporose, il convient de :

  • rechercher un dentiste connaissant bien ces traitements.

  • le mettre en contact avec votre médecin généraliste et/ou votre rhumatologue.

Ensemble, ils pourront envisager la meilleure façon de faire un diagnostic précis et un suivi pour vous éviter les conséquences néfastes d’une éventuelle infection dentaire.

L’ostéonécrose peut être repérée

Avant que les dégâts n’arrivent, il est possible de repérer un début d’ostéonécrose de la mâchoire grâce à l’imagerie médicale.

Cela implique d’abord de réaliser un « panoramique » dentaire, c’est-à-dire une radio complète des dents et des mâchoires.

Il faut ensuite que le spécialiste qui analyse le « panoramique » regarde en détail la radio pour détecter des indices suspects éventuels.

Une échographie pourra compléter l’examen pour confirmer ou infirmer les risques éventuels.

C’est un vrai travail de limier, qui nécessite des opérateurs avertis. Aussi, si vous avez déjà des antécédents personnels ou familiaux d’ostéoporose ou d’ostéopénie, vous aurez tout intérêt à le signaler.

Si vous êtes sous traitement, vous aurez également tout intérêt à trouver un dentiste ayant des connaissances sur ce traitement. Certains dentistes connaissant mal les médicaments contre l’ostéoporose pourraient avoir tendance à leur faire porter des péchés qui ne leur appartiennent pas forcément…

Si l’atteinte est faible, on peut facilement la guérir. Parfois par de simples mesures d’hygiène alimentaire (meilleure façon de se nourrir), notamment, après avoir supprimé une éventuelle infection sous-jacente.

C’est d’autant plus important que si l’on tarde, les foyers d’attaque d’ostéonécrose risquent de se multiplier à proximité les uns des autres. Il est en effet très fréquent, quand on repère un premier foyer, d’en découvrir un second plus petit à proximité, très souvent dans le même os !

L’ostéonécrose peut être soignée

En cas d’atteinte (où qu’elle soit, d’ailleurs), il faudra, le plus rapidement possible, découvrir l’origine de l’ostéonécrose avec l’aide de votre médecin.

Cela va nécessiter un travail d’équipe entre votre médecin généraliste et différents spécialistes : rhumatologue, dentiste, imagerie médicale, laboratoire d’analyse, angiologue, nutritionniste, etc… La coordination par votre médecin est donc très importante, bien sûr : c’est lui qui, avec vous, est au centre de la toile des spécialités.

Il conviendra ensuite de soigner les causes pour éviter toute aggravation ou toute reprise de la maladie osseuse.

Cela passe d’abord par des mesures de diététique et d’hygiène pour que votre corps reçoivent tous les nutriments et toutes les stimulations dont il a besoin pour bien fonctionner.

Cela peut passer aussi par le traitement de l’infection sous-jacente qui est couramment à l’origine de l’ostéonécrose.

Pour certains patients, cela peut passer par des traitements anticoagulants. Ils donnent de bons résultats (ils diminuent les risques de caillots et améliorent le flux sanguin dans tout le corps) quand leur utilisation est pertinente.

Pour d’autres patients, il conviendra d’enlever la zone nécrosée (et souvent infectée), ce qui permettra à l’os normal de venir ré-ossifier cette zone par la suite. Dans de rares cas, la greffe osseuse (auto-greffe) permettra de résoudre les derniers problèmes existants.

Enfin, les traitements médicamenteux seront souvent arrêtés, s’ils sont soupçonnés d’avoir un rôle, même faible, dans la maladie, le temps de la régénération. Ils pourront être repris ensuite pour continuer la consolidation osseuse.

Conclusion

L’ostéonécrose est une maladie extrêmement peu courante dans la réalité et beaucoup plus courante sur les réseaux sociaux.

Elle peut se produire dans tout os du squelette, y compris dans les mâchoires, même si c’est extrêmement peu fréquent.

De très nombreuses causes peuvent entraîner une ostéonécrose, dont l’ostéoporose, en général en conjonction avec une autre cause (souvent cardiovasculaire).

Certains médicaments sont connus ou soupçonnés d’être impliquées dans la genèse des ostéonécroses, y compris certains médicaments contre l’ostéoporose.

L’ostéonécrose (en général) est évitable, au moins en grande partie, par les mesures de prévention qui diminuent les risques d’ostéoporose.

Elle est également évitable par une amélioration de l’hygiène et de la santé dentaires. Il convient notamment de se faire suivre très régulièrement par son dentiste.

L’imagerie médicale (« panoramique » dentaire) permet de la repérer très tôt, afin d’en traiter les causes immédiatement et de lui permettre de se résorber naturellement.

Enfin, on peut la traiter médicalement par des soins adaptés au stade de la maladie.

Bref, ce n’est certainement pas une partie de plaisir (et je ne le souhaite à personne). Compte tenu du nombre de fractures qui invalident les femmes âgées, cela ne justifie pas la terreur qui circule sur certains réseaux sociaux…

Prenons soin de nous, et de nos os dès maintenant : nous le méritons amplement !

Et pour recevoir des informations sur la prévention de l’ostéoporose, vous pouvez laisser vos coordonnées dans le cadre en bas de l’article.

Mis à jour le 08 avril 2024

Source

Osteonecrosis, National Institute of Arthritis and Musculoskeletal and Skin Diseases, Bethesda, Octobre 2015

Shunning osteoporosis treatment isn’t a wise decision for most women, Harvard Medical School, septembre 2016

Boon Hui Chan, Ruixiang Yee, Rukshini Puvanendran, Seng Bin Ang, Medication-related osteonecrosis of the jaw in osteoporotic patients: prevention and management, Singapore Med J. 2018 Feb; 59(2): 70–75.

Éric Lespessailles, Sophie Lejeune, Karine Briot, Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO), Ostéonécrose de la mâchoire et antirésorbeurs osseux – Un risque rare à prévenir et dépister, La Revue du Praticien Médecine Générale, 8 Avril 2024

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